Si vous vous intéressez à l'autisme ou que vous connaissez une personne autiste, vous avez sans doute entendu parler de l'auto-stimulation.
De quoi s'agit-il ? Ce sont des mouvements répétitifs qui nous permettent de réguler nos sensations et émotions, particulièrement lorsqu'elles sont intenses. Quand les stimuli extérieurs ou l'enthousiasme et l'excitation nous submergent, ces mouvements sont l'expression du "trop-plein", en quelque sorte. Certains autistes agitent leur mains ou frappent des mains, remuent leur doigts, hochent leur tête ou se balancent d'avant en arrière, font tourner des objets (des toupies par exemple, ou les "spinners" qui sont tout récemment devenus très à la mode, même chez les non-autistes), chantonnent, ou sautillent sur place. Ces comportements sont mentionnés dans la plupart des ouvrages et articles sur l'autisme.
Que ressentons-nous dans ces moments-là ?
Dans mon cas, voici ce qui se passe. Quand je suis nerveuse ou stressée, des fourmillements parcourent mes bras et mes jambes, et font remuer mes doigts. Je mords aussi mes joues ou mes lèvres. C'est un exutoire pour mon trop-plein d'anxiété.
Quand je suis joyeuse, ce sentiment bouillonne dans mes os et mes veines, et ce bouillonnement déborde. Alors je ressens le besoin de danser, de frapper dans mes mains ou les agiter, de sautiller sur place, voire même courir. Il m'arrive de me mettre à courir dans la rue sans raison apparente ; j'ai provoqué la confusion de plus d'un chauffeur de bus qui, pensant que je courais pour arriver à l'arrêt de bus, s'est arrêté pour moi... et je ne suis pas montée, car je courais simplement de bonheur.
Je parviens à contenir ce trop-plein d'émotion en public, car je sais que c'est mal perçu. En privé, par contre, je me lâche. Et j'ai la chance d'avoir un conjoint qui me comprend (du moment que je ne casse rien...)
Bienvenue dans mon monde... autiste et fière de l'être.
samedi 5 août 2017
samedi 18 février 2017
Les demandeurs d'asile en Belgique
Je
participe pour le moment à un cours en ligne sur les droits des réfugiés, mis
en place par Amnesty International. Dans ce cadre, il m’a été demandé d’écrire
au sujet de la situation des réfugiés dans mon pays. On pourrait en dire
énormément de choses, bien entendu, donc mon intervention est loin d’être
complète. Je la publie ici pour ceux que cela intéresse.
En
Belgique, le statut de réfugié est accordé (ou non) par le Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides qui examine le dossier du demandeur d’asile. Cette
procédure prend en théorie entre 6 mois et un an ; dans la pratique, je connais
des personnes qui attendent une décision du CGRA depuis presque 2 ans. L’anxiété
générée par l’attente s’ajoute donc au traumatisme vécu dans leur pays et au
cours de leur voyage.
Fedasil
a mandaté la Croix-Rouge de Belgique pour gérer certains de ces centres. Je
travaille dans l’un d’entre eux.
Les
centres sont des bâtiments permettant de loger de 100 à 500 personnes ou plus
selon les endroits. Il peut s’agir d’anciens villages de vacances, de casernes
militaires, ou, comme celui dans lequel je travaille, d’anciens hôpitaux
désaffectés. Lors de leur arrivée, les demandeurs d’asile sont généralement
soulagés d’avoir un toit et de la nourriture après leur périlleux voyage. Ils
bénéficient également d’un suivi social pour leur procédure et d’un suivi
médical.
Toutefois,
les conditions dans les centres sont loin d’être idéales. Les personnes
partagent des chambres de 4 à 6 personnes. Imaginez devoir vivre à 4, 5 ou 6
dans une seule pièce, de devoir partager une douche et des toilettes avec plus
de 10 personnes pendant plus d’un an : telle est leur réalité. Ajoutez à cela
l’isolement lorsque le centre se trouve en pleine campagne avec un accès limité
aux transports en communs, et vous comprendrez que très vite, ils ont
l’impression d’être dans des ghettos, voire des prisons (même s’ils ont bien
sûr le droit d’aller et venir à leur guise et de quitter le centre s’ils le
désirent).
Malgré
tous nos efforts, il subsiste à mon sens une grande violence administrative
envers les demandeurs d’asile, que ce soit au niveau de la procédure ou de
l’accueil. L’entretien au CGRA, qui est déterminant pour accorder le statut de
réfugié ou non, est ressenti comme un véritable interrogatoire policier (c’est
d’ailleurs une de formations reçues par les personnes qui auditionnent les
demandeurs d’asile). Dans les centres, les personnes reçoivent un numéro
permettant de retrouver facilement leur dossier, et un badge correspondant à ce
numéro. Ce badge leur est demandé à tout moment : lors des repas, lors de
distribution de produits sanitaires, lors de l’inscription aux formations, etc.
D’après le site du CGRA, la Belgique a enregistré 18.710 demandes d’asile en 2016, soit deux fois moins qu’en 2015 (35.476 demandes). L’Afghanistan, la Syrie et l’Irak sont les 3 premiers pays d’origine des demandeurs d’asile en 2016. La Guinée et la Somalie complètent ce top 5. Certains politiciens présentent ces chiffres comme une réussite de leur politique d’asile ; toutefois, la raison de cette baisse est tout simplement la fermeture des frontières, en particulier en Grèce et en Turquie. Mon impression est un peu que pour les politiques, tant que les réfugiés ne rentrent pas sur notre territoire, le problème est réglé ; mais la réalité est que des milliers de personnes survivent et meurent dans des conditions humanitaires effroyables en Turquie et en Grèce. (Source : site du CGRA)
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